J’aurais dû…
Si cela peut vous faire réfléchir…
L’an dernier, dans le cadre de la fête du travail, mon chum et moi avions préparé un super trip de moto. Comme nous devions assister à un mariage le samedi soir dans le secteur du Lac-Mégantic et que nous étions à 20 minutes de la frontière, nous avons donc décidé de visiter nos voisins Américains. Le dimanche matin, nous partions à l’aventure afin de nous rendre à Bar Harbor dans le Maine.
La route pour se rendre à Bar Harbor est vraiment exceptionnelle, les routes sont sinueuses et contrairement à ici, elles sont sans nid de poule. Sans oublier les paysages qui sont à couper le souffle à certains endroits. Évidemment cela dépend des chemins que vous prenez pour vous rendre à votre destination. Je vous suggère de sillonner les routes en passant par la 27, la 16, la 2 et la A1. Rendu à Bar Harbor, prenez le temps d’aller manger au restaurant bar le Blaze, laissez-vous tenter par le CrabCake ou encore par les pétoncles au bacon, le tout accompagné d’une bonne bière de microbrasserie brassée localement. Prenez également le temps de faire le tour de l’île, les marinas sont de superbes endroits pour prendre des photos de vous et de votre moto.
Donc, la ride du dimanche était vraiment parfaite, le soleil était de la partie et j’étais en très bonne compagnie. Le soir, nous espérions que la température pour le lendemain (soit le lundi) change un peu. De la pluie mur à mur de 9h am à 17h de 80 à 90% de probabilité d’averse. Nous étions préparés mentalement, on se disait ce n’est pas si grave que ça, on n’est pas fait en chocolat. De plus, nous sommes très bien habillés pour « rider » sous la pluie. Le matin même, le temps est très gris à Bar Harbor, on s’habille chaudement, le thermomètre indique à peine 7 degrés Celsius. Aux grands mots les grands remèdes. J’enfile 5 épaisseurs de chandails, incluant mon manteau de moto et mon « rain suit ». Je suis prête à affronter dame nature qui semble déjà vouloir nous mener la vie dure.. Je me sens lourde et moins habile pour embarquer sur la moto tellement que j’ai des épaisseurs. On prend le départ pour retourner à la maison, secteur St-Hubert vers 8h45 le matin. Il mouillasse, mais rien de trop tannant, j’ai déjà vécu pire. À peine quelques minutes sur la route, la pluie s’intensifie. Encore une fois, je sais que la pluie ça fait partie des aventures à vivre en moto. Après 1h30 de route, la pluie est vraiment intense on fait un stop comme tout bon biker…on arrête dans un Dunkin Donut pour se réchauffer un peu. Un arrêt 30 minutes top chrono. Go on rembarque sur le King pour affronter la pluie. À ce moment, le GPS indique qu’il reste 5 heures de route…un pet à faire!
Après deux heures trente, je commence à me poser des questions, la pluie est intense plus que jamais, on devrait peut-être prendre une pause et attendre que la pluie passe. Et c’est la que les « j’aurais dont du » se mettent à défiler dans ma tête.
J’aurais donc dû…m’acheter une veste chauffante
J’aurais donc dû…me payer les bottes de motos à 500$
J’aurais donc dû…dire à mon chum de se payer des poignées chauffantes sur son Harley
J’aurais donc dû…mettre mon full face
J’aurais donc dû…dire à mon chum on reste à Bar Harbor une nuit de plus
Car après 3 ou 4 heures de routes, le plaisir est beaucoup moins palpable dans mon visage.
Nous sommes trempés, nos gants imperméables ne le sont plus. Je retire mes gants pour mettre mes mains dans mon manteau afin de me réchauffer un peu. Mon chum me dit, j’ai les pieds mouillés bord en bord et pourtant j’ai des bottes imperméables. Il y a des limites à la science…l’imperméabilité à ses limites. Après 4 heures à la grosse pluie battante, l’imperméabilité prend le bord.
Une fois passé la douane à Woburn, qui heureusement n’était pas si achalandée, je me suis posé la question, est-ce qu’on arrête au Lac-Mégantic, on attend le retour du beau temps pour reprendre la route.
Encore une fois les j’aurais dont du, reprenne le dessus de mon esprit. Est-ce que ma vie vaut plus que 350$ (le prix de notre nuitée à Bar Harbor)? À bien y penser aujourd’hui je réponds oui!
Est-ce que ma vie vaut plus que deux rendez-vous au travail? Je réponds oui!
Rendu dans le secteur de Ascot Corner, le GPS indique moins de deux heures avant d’arriver à la maison, je me réjouis en me disant que dans peu temps, je serai dans un bon bain chaud, coupe de vino à main et que cette journée de moto extrêmement pluvieuse sera derrière moi.
Malheureusement cette idée heureuse s’estompa rapidement. Notre route s’arrêta abruptement, nous voilà complètement arrêté sur la route. On voit au loin les gyrophares de polices, les ambulances qui arrivent et les sirènes de pompiers qui se font entendre. On se pose à cet instant la question, est-ce qu’on fait demi-tour pour passer ailleurs? On décide finalement d’attendre que la route rouvre. 15 minutes passèrent, 30 minutes, 45 minutes, nous sommes complètement arrêtés en moto à la grosse pluie battante. J’ai les mains et les pieds glacés, mon chum aussi, on tente de se réchauffer sur le moteur du Harley, un peu de réconfort! Finalement, 1h15 minutes plus tard, une gentille policière de la SQ vient nous voir et nous avise qu’ils doivent finalement nous faire changer d’itinéraire, il y a possiblement des morts dans l’accident. Ils détournent le trafic vers un chemin de terre, mais cette option est impensable pour nous, en touring et dans la grosse pluie, c’est non. À ce moment-là, j’ai le goût d’appeler ma mère pis de me lamenter…j’ai froid, je suis fatiguée, j’ai faim…La policière compati pour nous, elle nous trouve brave de prendre la route et de tout de même garder le sourire.
Les j’aurais donc dû reprennent le dessus dans ma tête.
J’aurais donc dû pas faire d’arrêt pipi quelques minutes avant, on aurait passé avant l’accident
J’aurais donc dû choisir un autre chemin pour revenir à la maison
J’aurais donc dû me payer cette fameuse nuitée d’hôtel de plus afin d’éviter cette pluie
Ensuite, je me dis, finalement on a bien fait peut-être de faire cet arrêt pipi, on aurait pu aussi être impliqué dans cet accident.
Donc, pas le choix de faire ce fameux détour pour revenir à la maison, il mouille tellement qu’il est impossible de sortir notre cellulaire, de plus, j’ai les mains congelées, je suis transi par le froid et mon chum aussi. Par chance, comme j’ai demeuré au Lac-Mégantic pendant quelques années, je connais bien le secteur pour y avoir fait la route assez souvent. On revient sur nos pas, retour vers Cookshire, Lennoxville, Sherbrooke, la 410 pour finalement rejoindre la 10 en direction de la maison. Une fois rendu sur la 10, le ciel s’éclaircit, on voit même un double arc-en-ciel. Je me surprends à crier des insultes à Dame nature.
Nous sommes finalement arrivées à la maison à 20h00 pile. Soit plus de quatre heures plus tard que prévu. Faites-le décompte, de Bar Harbor à notre domicile la route à pris 11h15. Et là-dessus, nous avons fait un maximum d’une heure de pause. En nous déshabillant, nous nous sommes bien rendu compte que tout nos vêtements ou presque était trempés. Mon bain chaud et ma coupe de vin rempli à rebord furent jouissifs. VRAIMENT!!!!! Une fois assise sur le divan, je crois avoir grelotté pendant 2 heures et mon visage a pris deux jours à dégelés.
Tout au long de l’aventure, mon chum a gardé le sourire, il était satisfait d’avoir passé au travers, cette ride lui a donné encore plus d’expérience en tant que motocycliste. Tout au long de la ride j’étais en confiance avec mon chum, mais je redoutais les autres véhicules sur la route. Ce n’est pas tout le monde qui est un bon pilote et qui sait bien réagir sur une chaussée mouillée.
En lisant les nouvelles le lendemain de cette aventure pluvieuses, j’ai constaté qu’au cours de ce week-end, plusieurs accidents de motos ont eu lieu. Finalement je n’avais pas vraiment à me plaindre, mais j’aurais très bien pu ne jamais avoir la chance d’écrire cet article. Par chance, j’avais le meilleur pilote pour me ramener à bon port. Sous la pluie la prudence est de mise.
Mais j’aurais donc dû tout me même me payer cette fameuse chambre d’hôtel, j’aurais évité un sérieux rhume les semaines suivantes! N’oubliez pas, votre vie vaut plus que 300$ et que quelques réunions au travail. Prudence sur nos routes, les vacances de la construction arrive à grand pas. En cas de doute, abstenez-vous de prendre la route! On tient à vous!
Annie